Une bonne vingtaine de passionnés de sports de montagne ont discuté de l’avenir climatique des sports de montagne le dimanche 4 juillet 2021 au Laténium de Neuchâtel dans le cadre de Traces du Climat. Malheureusement, les nuages n’ont pas permis de dégager la vue sur les Alpes. Même sans voir les montagnes, tous sont conscients que les sports de montagne devront évoluer. D’une part, pour renoncer aux émissions de gaz à effet de serre provoqués par cette pratique, mais aussi pour s’adapter à l’évolution rapide des conditions en montagne. Les glaciers continueront à fondre rapidement et les paysages deviendront ainsi entièrement nouveaux.
Les différents intervenants ont apporté leurs connaissances et pratiques dans ce domaine comme base et piliers pour les discussions passionnantes et constructives qui ont eu lieu dans les ateliers de l’après-midi.
Pour Laure-Emmanuelle Perret Aebi, spécialiste de l’intégration du solaire dans les bâtiments et fondatrice de www.compaz.art , le photovoltaïque est une énergie simple et efficace qui peut facilement être intégrée dans les bâtiments. Avec la technologie de coloration des panneaux solaires, l’efficacité est moindre (10-30%), mais les panneaux peuvent être beaucoup mieux intégrés aux structures existantes. Ils peuvent donc être utilisés de manière plus polyvalente. Le Laténium est le premier musée de Suisse à répondre au standard Minergie et l’énergie solaire captée par les panneaux derrière de belles photos de restes de maisons lacustres au fond du lac est directement utilisée pour l’éclairage du musée.
Pour Alexia Massacand, scientifique spécialiste du changement climatique, du développement durable et fondatrice de www.mountainnow.net, le réchauffement de la planète peut avoir des effets régionaux très différents. Par exemple, si le Gulf Stream diminue, nous pourrions expérimenter une vague de froid en Europe du Nord. Dans les Alpes, le changement climatique est particulièrement visible, un tiers de la masse des glaciers a déjà été perdue, les roches deviennent de plus en plus instables. On estime que jusqu’à 30 % des accidents en montagne sont liés aux changements provoqués par le changement climatique. MountaiNow, en tant que projet de www.citizenscience.org, veut profiter du fait que de nombreuses personnes se rendent en montagne et prennent des photos, photos qui peuvent être des outils de mesure de la fonte des glaciers. De cette façon, l’image des changements dans les montagnes peut être continuellement améliorée (https://www.mountainow.net/de/einfuehrung/beobachtungskampagne-2021/)
Dominique Gouzi est un ancien président du CAS, section neuchâteloise et a été préposé de la Cabane Bertol, propriété de la section neuchâteloise, pendant 13 ans. Pour lui, 3 aspects différents de l’exploitation des cabanes avec le changement climatique doivent être pris en compte: accès à la cabane, stabilité de la roche où est installée la cabane et alimentation en eau. Le chemin d’accès a dû être adapté à plusieurs reprises par le passé en raison de divers éboulements. A l’heure actuelle, c’est presque une via ferrata qui est nécessaire pour atteindre la cabane et les échelles doivent être régulièrement rallongées. Le nid d’aigle qu’est Bertol, une cabane emblématique des Alpes et un symbole pour la section neuchâteloise, est-il encore stable? Autour de la cabane sont installés 21 points de mesure, qui sont mesurés 2 fois par an. Actuellement, il n’y a pas ou très peu de mouvement, mais en raison de la géologie hétérogène de ce piton rocheux, un éboulement dans la zone de la cabane ne peut être exclu. En 2003, l’eau a dû être acheminée par hélicoptère. Depuis lors, l’eau s’est raréfiée et il est de plus en plus difficile d’exploiter de nouvelles sources.
Maren Kern, Directrice et Chef de projet Protection des Alpes de Mountain Wilderness Suisse www.mountainwilderness.ch, une organisation de défense de l’environnement alpin fondée en 1987, s’oppose aux sports de montagne motorisés et a longtemps plaidé contre l’héliski, l’heli-biking, l’héli-hiking et même le tout-terrain. La mobilité est la principale source d’émissions de gaz à effet de serre dans les sports de montagne. Le projet « taxi alpin » a été lancé en 1996 sous la forme d’une petite brochure contenant environ 3 douzaines d’adresses. Aujourd’hui, il y a plus de 300 adresses de compagnies de taxis sur la plateforme. Outre la mobilité, la consommation durable est un pilier important de Mountain Wilderness. Ils s’engagent à ce que les équipements de sport de montagne puissent être utilisés le plus longtemps possible. En Suisse alémanique, il y a déjà eu quelques marchés aux puces de matériel de montagne qui ont connu un grand succès.
Benno Steiner, Responsable Protection du paysage et du Climat au Club Alpin Suisse, CAS, a présenté la stratégie climatique du CAS. Le CAS travaille sur trois niveaux : l’association centrale du CAS, la globalité du CAS, incluant les 150 sections du CAS et ses 160’000 membres et la communauté des alpinistes en général. A l’Association centrale, nous pouvons réduire nos émissions grâce à des mesures efficaces. Grâce à des projets pilotes et des incitations, nous pouvons motiver les sections à devenir plus respectueuses du climat. Pour ce qui est de la Communauté des sports de montagne et du public en général, la communication et la sensibilisation sont ici essentielles. Nous voulons toucher le plus grand nombre de personnes possible. En outre, le CAS devrait également s’engager politiquement pour changer les conditions cadres afin que le CAS puisse devenir plus respectueux du climat.
Conclusions des ateliers :
- Sports de montagne
- La sensibilisation/communication est très importante et doit commencer le plus tôt possible, c’est-à-dire dès l’école. Les parents doivent également être impliqués.
- L’alpinisme est un moyen de retrouver “une vraie simplicité” (moyen de transport, cabanes etc.) et les valeurs qui y sont liées.
- Cabanes
- La nourriture doit être aussi locale et sans viande que possible.
- Porter la nourriture jusqu’à la cabane ou demander aux gardiens d’apporter de la nourriture dans son sac.
- Permettre de mentionner lors de la réservation que l’on souhaite porter de la nourriture ou autre jusqu’à la cabane.
- Descendre les déchets de la cabane.
- Cabanes à confort minimal
- Cabanes en auto-suffisance (technologies, soutien financier provenant de l’état ou de mécènes pour construire des cabanes écologiques)
- Eau potable (supprimer les boissons en bouteille, thé de cabanes)
- La Mobilité
- Changer d’approche, la liberté du déplacement à pied, donc promouvoir « Human Powered Mobility »
- Interdiction de SUV, de l’héliski, etc.
- Le CAS pourrait subventionner les sorties en TP
- Promouvoir les solutions de transport partagé (covoiturage, bus des neiges)
- Règlement sections : rembourser seulement les transports en TP pour les chefs de course.